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Planification écologique : Elisabeth Borne annonce une accélération de l'action climatique

[Infographique en bas de la page]

Enfin ! La France augmente ses engagements nationaux sur le climat pour les mettre en cohérence avec le Green Deal Européen. En 2020 déjà, le Conseil d’État dénonçait l’objectif français de -40 % en 2030 comme insuffisant au regard de l’engagement européen de -55 % en 2030 (ici au point 15). Ce 22 mai 2023, la Première ministre Elisabeth Borne vient de suivre cette recommandation. Il n’y a donc guère de scoop dans cette annonce, mais un ajustement attendu. Pour autant, c’est l’occasion pour le gouvernement de parler de nos engagements sur le climat et de la manière de les réaliser.

Réduire de 50 % les émissions d’ici 2030

Graphique réduction émissions de gaz à effet de serre

Les émissions territoriales françaises (ce plan ne considère pas les importations, qui représentent environ la moitié de notre empreinte carbone, malgré les recommandations du Haut Conseil pour le Climat en ce sens) ont baissé de 4,25MtCO2e/an entre 1990 et 2022 et doivent maintenant baisser de 17,25MtCO2e/an.

objectifs baisse emissions CO2

On lit partout que ceci correspond à aller « trois fois plus vite » ! Le Rapport France Strategie, commandé par Élisabeth Borne à l’économiste Jean Pisani-Ferry, publié le même jour (22 mai 2023), affirme notamment : « il va nous falloir faire en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en 30 ans ».

On a quand même sorti la calculette et il semble bien qu’on soit face à la nécessité de réduire nos émissions territoriales annuelles 4 fois plus vite que ce qui s’est fait depuis 30 ans. Et pour ceux qui préfèrent les exponentielles, nous aurions diminué nos émissions de 0,9 % par an depuis 32 ans et nous devrions les diminuer de 5 % par an pour les 8 ans qui viennent, donc il faut aller plus que 5 fois plus vite.

Si en plus, on tient compte du fait que nous ne sommes plus en 2022 mais bien fin mai 2023, le temps de définir et de mettre en place des mesures concrètes face à ces objectifs d’accélération, il faudra faire le travail en 6 ans de 2024 à 2030. Dans ce cas de figure plus réaliste, il faut aller 5 fois plus vite en diminution linéaire ou 7 fois plus vite en pourcentage annuel ! Il s’agit bien de changer de braquet !

Au-delà du rapport incertain aux mathématiques des conseillers de la Première ministre, il est certain qu’une accélération importante est urgente. Ce d’autant plus que les importations représentent la moitié de notre empreinte carbone et qu’elles sont en augmentation sur la même période… En effet, nos ordinateurs, nos téléphones et autres outils numériques, nos vêtements, une grande part de nos objets et de nos voitures sont importés. Diviser par deux notre contribution au changement climatique impliquerait de diviser également par deux les émissions liées aux importations !

graphique émissions de gaz à effet de serre en france entre 2020 et 2021
évolution de l'empreinte carbone en france

Des objectifs sensés, quid des actes ?

Pour autant, cette annonce comporte quelques principes solides : tous les secteurs sont concernés par les baisses : bâtiment, transport, agriculture, industrie, énergie.

Et seule une action concertée des différents types d’acteurs peut être efficace : « La moitié de l’effort [de réduction des gaz à effet de serre] sera accompli par les entreprises, notamment les grandes entreprises, un quart par l’État et les collectivités, et le dernier quart par les ménages », a déclaré Élisabeth Borne.

Nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs nécessaires.

Il semble que les leviers identifiés soient notamment l’électrification des véhicules pour les transports, le remplacement des chaudières et la rénovation thermique pour le bâtiment, des gains sur l’élevage et les engrais azotés en agriculture. Aucune annonce sur l’aviation ou les autoroutes, ni les SUV pour l’instant.

Une fois de plus, les objectifs sont sensés. Reste à voir quelles actions vont en découler. Valérie Masson Delmotte affirmait il y a deux semaines : « Il y a un décalage entre les engagements climatiques et les actes ». Espérons que ce constat va évoluer rapidement.

– Gildas Véret, Directeur pédagogique de l’association et auteur principal de l’atelier Inventons nos vies bas carbone.

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