Anne, l'animatrice engagée qui aime l'avion !
Anne anime l’atelier Inventons nos vies bas carbone depuis 2020.
Elle travaille chez Orange en tant qu’« électron libre » (ou « poil à gratter », au choix), et elle a rejoint l’équipe de l’association Nos vies bas carbone pendant 1 an grâce au dispositif « Respiration » de son employeur. Elle raconte comment elle a divisé par 2 son empreinte carbone en 5 ans.
Une transition qui démarre en 2015 avec la COP21
Quand on parle de transition ou de bifurcation, on imagine assez facilement un changement brutal et radical de mode de vie. Mais pour Anne, cela s’est fait progressivement, en douceur (mais elle a tout de même pris des décisions radicales, comme arrêter de prendre l’avion).
Bien qu’elle se soit toujours sentie concernée par les enjeux de développement durable, ce n’est pas autour de cela qu’Anne construisait sa vie. Mais deux évènements vont l’amener à remettre en cause ses habitudes et ses choix.
Fin 2015, la COP21 aboutit sur l’adoption l’Accord de Paris qui vise à limiter la hausse de la température globale à “bien moins de 2°C” d’ici 2100. A partir de cette période, Anne s’informe, puis saisit de plus en plus l’ampleur de la crise et de l’urgence. Elle découvre la théorie de l’effondrement (ou collapsologie), écoute de plus en plus de podcasts sur les enjeux de transition écologique et… petit début de déprime. Ça fait beaucoup de choses à encaisser. Heureusement, elle entend parler de la permaculture. Une démarche éthique qui vise à concevoir des vies qui respectent les limites planétaires. C’est son nouveau rayon de soleil dans un ciel bien chargé.
« C’est important d’entendre de mauvaises nouvelles pour déclencher la prise de conscience, mais c’est essentiel qu’on nous explique en même temps comment agir. C’est ce que nous apporte la permaculture ».
Viennent alors les premiers changements : elle souscrit un abonnement à Enercoop (fournisseur d’énergie renouvelable), elle rejoint une AMAP (qui lui permet de manger plus de bio, du local, et de faire des économies), elle rejoint des associations en tant que bénévole (notamment Alternatiba) s’essaye à la permaculture au jardin dans une association locale…
Le second déclic arrive en 2020 lorsqu’elle participe à un Cours Certifié de Permaculture de 12 jours proposé par Gildas Véret (co-fondateur de l’association Nos vies bas carbone et auteur principal de l’atelier). « Gildas avait dit en introduction que ça allait changer notre vie. Et il avait entièrement raison. L’expérience était extraordinaire, j’ai appris beaucoup de choses et j’y ai découvert l’atelier Inventons nos vies bas carbone. Et je me suis encore repris une claque. Je pensais pourtant savoir l’essentiel sur le réchauffement climatique, mais j’ai réalisé à nouveau à quel point la situation était grave et qu’il y avait urgence. Je me suis dit que je devais aller encore plus loin dans mon engagement personnel et professionnel ». Au bout d’un an, et après avoir réalisé un bilan de compétences avec Mon job de sens, elle passait à 60 % chez Orange.
Ce temps libre, elle le met à profit pour s’engager davantage au niveau local et dans des associations. Elle se forme à l’animation d’Inventons nos vies bas carbone et de la Fresque du Climat : « À l’époque de la COP21, je voulais parler de la crise climatique à mon entourage, mais je ne m’en sentais pas capable ni légitime pour le faire. Quand j’ai découvert des outils comme les fresques ou Inventons nos vies bas carbone, je me sentais beaucoup plus sûre de moi et j’ai réussi à sauter le pas ! ».
Une transition écologique douce et progressive
Anne remonte le fil de sa transition écologique qui a commencé de manière assez douce en 2015 (elle était à plus de 10t CO2e) et qui s’est accélérée dès 2018. Sur les 5 dernières années, elle a réussi à diviser par 2 ses émissions pour atteindre 5t CO2e ! Pour rappel, pour limiter à 2°C le réchauffement planétaire, nous devons individuellement passer sous la barre des 2t de CO2e d’ici 2050.
💻️📱 Consommation
C’est sûrement le poste qui a été le plus facile à réduire pour Anne, puisqu’elle dit simplement qu’il suffit de moins acheter. Elle apprécie de ne plus perdre de temps dans les magasins et de dépenser moins d’argent (économies qu’elle peut mettre dans une meilleure alimentation par exemple).
Elle privilégie les produits d’occasion (ce qui a un impact direct sur l’empreinte des outils numériques), elle n’achète quasi plus de vêtements (elle s’est récemment motivée à acheter des vêtements de seconde main), et elle les fait réparer quand ils sont abimés.
Des habitudes assez faciles à mettre en place selon elle.
🍅🥪 Alimentation
Tout s’est fait progressivement. Elle commence par rejoindre une AMAP afin de manger plus bio, plus local et de saison. Elle pense que ça fait « bobo », mais il faut bien commencer par quelque chose, pas vrai ? 😊
Manger moins de viande, c’est ce qui a été le plus compliqué parce qu’elle n’avait pas d’idée de recettes végétales. Mais avec une fille végétarienne, elle n’a pas vraiment eu d’autre choix que de se lancer ! Et… cela s’est très bien passé (merci les recettes de cuisine colorées et savoureuses !). Aujourd’hui, elle consomme de la viande ou du poisson une fois par semaine maximum, et en petite quantité. « Je m’y suis tellement bien habituée qu’il m’est difficile maintenant de manger une quantité « normale » de viande à un repas ! ».
✈️🚲️ Transport
Pour aller travailler ou faire ses courses, Anne faisait tout en voiture (même pour parcourir 1km !). Et malgré tout ce qu’elle savait sur l’urgence climatique, elle n’arrivait pas à se séparer de sa voiture (confort, charge mentale, plus pratique pour déposer les enfants à l’école…). Elle regardait pourtant ses collègues arriver à vélo avec beaucoup d’admiration. Et puis, à force d’en discuter avec ses collègues « exemplaires », elle s’est lancée. Elle a acheté un vélo électrique, ainsi que tout l’équipement de sécurité qu’on lui a conseillé.
« C’était une RÉVÉLATION ! Je vais beaucoup plus vite qu’en voiture, j’emprunte des routes plus tranquilles, j’évite les bouchons et je ne perds plus de temps à trouver une place de stationnement ! »
Tous ces co-bénéfices, Anne ne les avait pas imaginés. « J’aurais aimé être conseillée plus tôt, et être accompagnée sur le passage au vélo pour me lancer plus facilement ». Elle apprécie particulièrement ces moments « rien qu’à elle » pendant lesquels elle peut réfléchir tout en pédalant.
Pour les trajets plus longs, elle privilégie systématiquement le train quand c’est possible.
✈️ Et l’avion ? La dernière fois qu’elle a pris l’avion, c’était il y a 6 ans. Anne a décidé de ne plus prendre l’avion peu après avoir entendu l’appel du collectif Résistance Climatique de 2020 avec la campagne « On arrête l’avion ». Au début, elle s’est dit qu’ils étaient fous.
Il faut savoir qu’Anne adorait l’avion (elle a d’ailleurs fait des études d’ingénieure dans l’aéronautique !). Et puis, elle a commencé à se questionner. « J’avais peur de l’avenir de mes filles, des conséquences pour elles. J’aurais eu l’impression de faire un crime contre mes enfants si je devais reprendre l’avion. Ce sentiment a été plus fort que mon envie de voyager loin, du coup je n’ai pas de regret ».
« Arrêter de prendre l'avion, c’est finalement le geste le plus facile que j’ai pu faire ».
Depuis, la famille part toujours en vacances, mais moins loin, et de préférence en bus ou en train. « On a la chance de vivre en France où on a des paysages magnifiques. Autant en profiter ! ».
🏡 Logement
C’est le poste d’émission de CO2e qui est le plus dur à réduire pour Anne. Elle vit actuellement dans une grande maison de famille, avec ses spécificités et ses contraintes. Elle a cependant réalisé quelques travaux prioritaires : l’isolation des combles via l’injection de matières textiles recyclées, et la pose d’une nouvelle toiture avec une isolation plus efficace (laine de bois). Elle réalise ainsi des économies d’énergie l’hiver et gagne en confort de vie l’été.
Elle a fait le choix de l’énergie renouvelable, locale et citoyenne en passant chez Enercoop.
La transition écologique, une somme de renoncements ?
Anne n’a jamais perçu ces changements comme des contraintes. Elle voit avant tout les co-bénéfices de chaque action (économiser sur la viande qui est chère, gagner du temps de transport grâce au vélo, éviter le stress de la circulation et des embouteillages, faire plus d’activité physique pour une meilleure santé…). Mais elle est lucide sur le fait que d’avoir une situation financière confortable rend parfois les choses plus simples.
Côté voyage, elle aurait aimé retourner en Afrique, dans la savane entourée d’animaux et y emmener ses filles, ou encore faire de la randonnée en Amérique du Sud. Mais là non plus, pas de regret. Elle n’y pense tout simplement plus.
La prochaine étape pour passer sous la barre des 5t CO2e serait de déménager dans une maison plus petite. Elle est en pleine réflexion !
Un engagement au niveau personnel, mais aussi professionnel
Anne aime dire que son rôle chez Orange est « d’être du poil à gratter ». Elle a construit son métier progressivement autour de l’innovation positive, en commençant par intervenir auprès des équipes marketing d’Orange pour intégrer le développement durable dans la conception des offres (décodeurs, box…). Son objectif était de réunir les marketeurs, les designers et les techniciens pour les sensibiliser aux enjeux écologiques afin de réduire l’empreinte carbone des produits en cours de développement.
Elle a aussi participé activement au déploiement de la Fresque du Climat chez Orange (70 % des équipes marketing sensibilisées !) et a animé le collectif de salarié·es qui se sont formé·es à l’animation de la fresque.
« Ce que j’adore faire chez Orange, mais aussi dans ma vie personnelle, c’est relier des personnes qui ne se seraient jamais rencontrées s’il n’y avait pas cette urgence qui nous relie. Grâce à mon engagement, je crée des ponts, des connexions.»
En 2024, elle bénéficie du programme Respiration d’Orange qui lui permet de rejoindre l’équipe pédagogique de Nos vies bas carbone pendant 12 mois. Elle intervient également dans le cadre de la formation des 25 000 cadres supérieurs de la fonction publique (un marché public remporté par l’association fin 2023).
Et l’équipe de Nos vies bas carbone est reconnaissante de la vision et de l’aura apportées par Anne au quotidien et salue l’existence du programme Respiration d’Orange.
Partager c’est sympa
Voici quelques œuvres qui ont marqué Anne et qu’elle souhaite partager à son tour :
En savoir plus sur Anne
Entretien réalisé en juillet 2024 par Camille Chiaradia